Jeu mécanique / Mécanique de jeu
Le jeu mécanique est l’intervalle qui se trouve entre deux pièces. Ainsi dans le cas d’une charnière, ce
jeu est le minuscule espace entre sa partie haute et sa partie basse.
Ce jeu peut être soit volontaire, soit involontaire.
S’il est volontaire, il a une fonction. Dans le cas d’une charnière, elle permet une rotation, pouvant
par exemple être utilisée pour produire une porte.
S’il est involontaire, il devient la promesse d’un inattendu. Dans le cas d’une charnière, soit elle ne
pivote plus, soit elle pivote dans tous les sens. Pour la production d’une porte, elle devient totalement
inutile, mais elle nous permet d’imaginer une porte des plus étranges qui ne s’ouvrirait pas ou qui
s’ouvrirait par tous les axes.
Mickaël Lianza est un artiste qui s’inscrit dans un héritage de la sculpture de l’art minimal. Mais
plutôt qu’une simple répétition de ces formes, il promet un inattendu. La recherche volontaire d’un
jeu involontaire pour produire un intervalle à partir de volumes simples, permettrait en quelque sorte
aux formes de s’ouvrir dans tous les sens.
Ce jeu mécanique involontaire, il le trouve dans l’univers du jeu vidéo. Les formes basiques utilisées
par un logiciel 3D ressemblent à s’y méprendre à des occurrences d’oeuvres minimales. Mais bien
plus que cette simple apparence, les univers vidéoludiques ajoutent des éléments de narration,
d’exploration, et de générations telles que l’intelligence artificielle. Ces notions issues du jeu vidéo
donnent de nouvelles possibilités à ce qui semble être des formes minimales habituelles : les volumes
deviennent architectures, les faces deviennent terrains, l’abstraction devient narration, et surtout
l’inattendu peut surgir à tout moment.
Frédéric Weigel